Entre 1 et 3 ans...

Le 16/12/2020

Dans Bébés - Enfants - Ados

Entre 1 et 3 ans, votre tout-petit va clairement afficher… son opposition !

Il prend conscience qu'il a une pensée différente de celle de ses parents et s'opposer va l'aider à s'affirmer et à se construire.

Colères, caprices, Non à répétition : sachez bien réagir.

Il pique des colères…

A la maison, au supermarché… votre petit ange crie, trépigne et tape du pied. Qu’est-ce qui lui prend ? Depuis quelques mois, votre enfant se met souvent en colère. Et vous ne savez pas toujours pourquoi…

Le problème: Votre enfant doit apprendre à gérer ses frustrations qui souvent s’expriment par des colères.

Qui ça perturbe ? Votre enfant. Il n’a plus la maîtrise de lui-même.

Vous. Vous vous sentez déstabilisé par leur intensité. Et par ailleurs vous craignez d’être mal jugé par les autres.

Au cas par cas la solution

Il a besoin de s’affirmer par la colère

Vous lui proposez ses bottes fourrées, il veut ses sandales. Vous insistez et c’est le drame. Vous avez l’impression que votre enfant s’oppose à vous pour tout ! Mais c’est plutôt qu’à cet âge il a besoin de se connaître, de savoir ce qu’il aime ou non… et c’est positif.

Ce qu’il faut faire

Donnez-lui toujours la possibilité de choisir : les bottes, les chaussures… Vous craignez le regard des autres ? Mieux vaut un enfant qui apprend à s’affirmer qu’un petit passe-muraille, non ? Si cela vous pèse ou devient dangereux pour sa santé, restez ferme, mais valorisez quand même son idée. Une façon de dédramatiser et parfois de rire ensemble. Il se sentira compris et rassuré.

Ce qu’il faut lui dire

« Je comprends parfaitement que tu préfères mettre des sandales. Mais aujourd’hui, il fait froid. Attendons que Monsieur Soleil décide de pointer son nez… »

Il veut faire « tout seul »

Il construit une petite tour de cubes, qui s’écroule… vous l’aidez et cela le met en rage. Normal, vers 3 ans, il veut y arriver tout seul !

Ce qu’il faut faire

Essayez de ne pas tout faire à sa place sous prétexte que cela va plus vite… Encouragez son autonomie sans minimiser les raisons de sa colère.

Ce qu’il faut lui dire

« Ce n’est pas facile, je comprends que tu sois en colère… Tu vas réussir ! »

Il sature !

La colère est une réaction émotionnelle naturelle face à une situation de tensions. Elle explose d’autant plus qu’il est fatigué ou trop stimulé (néons, bruits, voyage). Il est trop petit pour la canaliser, vous devez l’aider.

Ce qu’il faut faire

En public. Cette situation est banale, essayez de ne pas vous laisser intimider par le regard des autres… Transmettez à votre enfant votre calme. Restez en contact, en lui parlant doucement et en lui prenant la main. Contenez-le au mieux… en évitant ses éventuels coups de pied.

A la maison. Vous êtes tenté de l’envoyer dans sa chambre ? Eventuellement, mais pas plus de deux minutes et dans le seul but de l’aider à se retrouver. Surtout gardez le lien, laissez la porte ouverte. Pour lui l’important n’est pas toujours de satisfaire ses envies mais que vous les entendiez.

Ce qu’il faut dire

" Il faisait du bruit ce train ! Ça a fait comme une tempête dans ton cerveau…"

Bébé pleure la nuit : que faire ?

Très fréquents la nuit, les pleurs des tout-petits peuvent fortement déstabiliser les parents...

Pourquoi bébé sanglote-t-il ? Comment réagir au mieux pour l'apaiser efficacement

Et soudain un cri dans la nuit. Non, ce n'est pas un film d'horreur qui débute mais plutôt les cris de votre bout'chou dans sa chambre à coucher parce qu'il ne parvient pas à dormir. Réveillés par les pleurs de leur enfant, les parents se précipitent généralement à toute vitesse dans la chambre pour s'assurer que tout va bien. Mais que faut-il réellement faire quand son p'tit bout sanglote au beau milieu de la nuit ?

Comment éviter les larmes ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer que bébé pleure à chaudes larmes au beau milieu de la nuit. En effet, si un enfant sanglote c'est pour signaler à ses parents que quelque chose ne va pas. En agissant ainsi, il s'attend à ce que ces derniers viennent le rassurer et apaiser son angoisse.

Les pleurs de bébé peuvent signifier beaucoup de choses, comme la peur (terreurs nocturnes et cauchemars), la faim, le froid, la douleur physique (mauvaise digestion, troubles digestifs), un inconfort, etc. Si les parents apprennent progressivement à gérer les pleurs de leur petit,  se réveiller en pleine nuit n'est pas vraiment une sinécure et le seuil de tolérance peut vite être dépassé... Avant l'heure du coucher de bébé, il est donc important de vérifier les points suivants au sein de son environnement de nuit :

  • évitez de placer des éléments trop imposants dans son lit ou perturbateurs, tels que de gros doudous, des cordons de pyjama, des  couvertures, etc. qui pourraient le réveiller
  • optimisez la température dans la chambre de bébé : ni trop chaude, ni trop fraîche. Une température de 18 °C à 20 °C est optimale pour lui assurer une bonne nuit
  • pensez à investir dans un bon matelas qui ne fera pas transpirer bébé et qui le calera confortablement tout au long de la nuit. En la matière, les matelas fermes sont parfaits pour maintenir la colonne vertébrale de bébé
  • veillez à aérer la chambre de manière régulière pour chasser les poussières et l'air humide du matin

Agir dès le coucher

"Quand bébé pleure, il est important de s'assurer qu'il n'est pas victime d'un quelconque inconfort (saignements de nez, terreurs nocturnes, couche mouillée...). Si ce n'est pas le cas, il faut savoir que bébé sait que ses pleurs appellent les parents.

Dans cette logique, il peut être amené à pleurer à la moindre contrariété...". Que faut-il faire alors pour l'aider à s'auto-apaiser ?

D'une part, "Si les parents se précipitent systématiquement dans la chambre, il y a peu de chance que l'enfant arrête le processus des pleurs. Instaurer des rituels du coucher est donc la solution pour parer en amont à ces sanglots nocturnes". Les rituels du coucher sont essentiels pour donner un rythme à la vie de l'enfant et le rassurer pour toute la nuit. Ces rituels permettent de transmettre des histoires, des chants, des comptines, etc.

D'autre part, il est essentiel que les parents rappellent à leur loulou "l'objectif" de la nuit et du sommeil. En expliquant que la nuit correspond au temps du "dodo" en solitaire, ils permettent à l'enfant de comprendre pourquoi il ne peut pas déranger les autres à sa guise. Mais c'est là un travail de fond qui ne s'effectue pas du jour au lendemain...

Comment réagir au mieux ?

L'essentiel est que les parents y aillent par étape quand leur enfant pleure au beau milieu de la nuit. Par exemple, ils peuvent le laisser pleurer quelques petites minutes seulement, puis se mettre à le rassurer à distance, sans se montrer. Cela permet à l'enfant de s'apaiser petit à petit tout seul...", souligne la psychomotricienne. S'il continue, les parents peuvent venir dans la chambre sans le prendre dans les bras. L'objectif étant que le petit apprenne tout seul à apaiser ses peurs sans forcément être rassuré par le contact physique avec sa mère ou son père. Le petit bout doit peu à peu apprendre à trouver des ressources en lui pour apaiser ses peurs et ses sanglots. Cela lui permettra notamment d'acquérir de plus en plus d'autonomie !

Il arrive parfois à votre petit loup de sangloter au beau milieu de son sommeil ? Est-il en train de faire un cauchemar ? Serait-il malade ? Pas de panique, il s'agit bien souvent de terreurs nocturnes qui agitent fortement son sommeil et qui ne sont pas dangereuses. Késaco ? Les terreurs nocturnes se caractérisent notamment par la difficulté pour l'enfant de faire la différence entre le rêve et la réalité, d'où la peur qu'il ressent et qui se traduit par ses pleurs. Avant ses 3 ans, l'enfant a du mal à faire la part des choses entre rêve et réalité et ses terreurs nocturnes se manifestent généralement en première partie de soirée, durant presque 20 minutes. Durant cette phase de terreurs, les yeux de l'enfant peuvent parfois être ouverts... Au delà de 20 minutes, l'enfant retrouve vite son calme et tombe dans un sommeil plus profond.

Il peut également s'agir de cauchemars, survenant généralement en deuxième partie de soirée. Dans son rêve, le petit vit des situations effrayantes et il peut parfois manifester des émotions difficiles, comme des cris ou des pleurs. Ne vous inquiétez pas, les cauchemars seront fréquents car l'imagination du tout-petit est très fertile ! D'autre part, il se peut que ces cauchemars correspondent à une période transitoire pour lui : déménagement, changement d'école, entrée en petite section, arrivée du petit dernier, perte d'un animal domestique, etc. Aidez-le à passer le cap en douceur en communiquant avec lui et en évitant de lui conter des histoires effrayantes avant qu'il rejoigne les bras de Morphée !

Pourquoi mon enfant me provoque ?

Votre enfant enchaîne les bêtises, s'amuse à désobéir sous votre nez en vous regardant du coin de l'œil... Il vous provoque ou quoi ?

Le problème: Votre enfant avait déjà tendance à être un peu malicieux. Mais là, vous le trouvez carrément insolent. On dirait qu'il n'a qu'un but : tester vos limites et vous provoquer.

Qui ça perturbe lorsqu'il vous provoque ? Votre enfant. A force d'insolence et de provocation, le climat n'est pas très serein à la maison. Il se fait gronder, punir...

Vous. Vous voulez bien faire preuve de patience, mais parfois c'est trop. Quand il vous provoque en public, vous avez l'impression d'avoir un enfant mal élevé et de ne pas réussir à vous faire respecter.

Il vous provoque pour s'affirmer

A cet âge, votre enfant se détache peu à peu de vous, c'est normal. Il réalise qu'il a une pensée différente de la vôtre et cherche à affirmer sa personnalité. Ce qui ne manque pas de vous amuser, car vous êtes à la fois touché ou ému qu'il ressemble tantôt à sa mère, tantôt à son père.

Ce qu'il faut faire. Ne laissez pas passer les provocations sans réagir. Retenez-vous d'éclater de rire, car vous risquez alors d'être obligé de réagir plus fort pour lui montrer que vous n'êtes pas d'accord ! Un bon truc pour tenir bon sans fléchir : répétez les mêmes phrases, en regardant votre enfant dans les yeux.

Ce qu'il faut lui dire. « Tu es malicieux, c'est amusant, mais ça, c'est interdit », « Mais que se passe-t-il dans cette maison ? Est-ce que j'ai bien entendu ce gros mot ? »

Il se livre à des expériences

Il joue avec l'interrupteur, une fois, deux fois, trois fois... et, bien sûr, l'ampoule finit par claquer. Votre enfant explore des situations provoquant vos réactions. Curieux, il a envie de découvrir le monde et a du plaisir à expérimenter sur les objets qui l'entourent... mais aussi sur ses parents !

Ce qu'il faut faire. Surtout, ne lui dites pas qu'il est méchant... vous risquez de le figer dans ce comportement. Vous pouvez, si besoin, le mettre au coin devant le mur durant quelques secondes. C'est le geste qui est important. Ensuite, revenez vers lui et réconciliez-vous.

Ce qu'il faut lui dire. « Je comprends que tu trouves ça rigolo, mais moi, ça ne m'amuse pas ! Je compte sur toi pour que tu ne recommences pas. Je te l'avais déjà dit, c'est non et toujours non. »

Lorsqu'il vous provoque, il transgresse l'interdit

Vous êtes attendu au bureau et votre enfant veut enlever ses chaussures au moment de partir, alors que vous avez déjà dû négocier pour réussir à les lui enfiler...

Ce qu'il faut faire

Il est inutile de s'affronter à chaque fois qu'il s'oppose. Ça ne sert à rien... Amenez-le à se projeter dans l'avenir : tout à l'heure à la crèche, ou ce soir, il pourra enlever ses chaussures... L'idée est de lui faire comprendre qu'il existe une loi familiale, valable pour tous.

Ce qu'il faut lui dire

« Tu ne peux pas faire ça. Je comprends que tu ne sois pas d'accord, mais c'est comme ça. Ce n'est pas toi qui décides. Je vais au bureau et je ne veux pas être en retard », « Tu demanderas à ton papa (ta maman) si lui (elle) aussi enlevait ses chaussures, quand il (elle) était petit(e), avant de partir à la crèche. »

« Hier soir, la salle de bains a été presque inondée. Théo a commencé à battre des pieds dans sa baignoire. Je lui ai dit en riant qu'il allait devenir un vrai champion de crawl. Alors, il s'est mis à éclabousser de plus belle. Je lui ai dit d'arrêter... ce qu'il a fait, avant de recommencer plusieurs fois en me regardant du coin de l'œil d'un air malicieux. J'ai dû me fâcher vraiment et le sortir de l'eau très en colère avant d'éponger les dégâts. » Marc, papa de Théo, 2 ans.

Il s'oppose ? Une façon de se construire

Non, pas les chaussures. Non, pas le bain. Non, pas la soupe. Depuis quelque temps, votre enfant s'oppose à tout. Epuisant ! Et si votre petit rebelle avait ses raisons...

Quelle mouche l'a piqué ? Lui qui mangeait si bien, se laissait habiller docilement... Aujourd'hui, il s'oppose, désobéit, résiste, ce que vous avez tendance à interpréter comme de la provocation. Pour réagir au mieux, comprenez ce qui se passe en lui.

Il se différencie de vous. Jusqu'à 18 mois environ, votre tout-petit se vivait un peu comme le prolongement de vous, ses parents, et surtout de sa maman. Il n'était pas capable de dire « je ». Pour pouvoir dire « je », il doit se séparer. D'où l'incontournable étape du « non ».

Il s'affirme. Votre enfant a besoin de vous mettre à distance pour se sentir un individu à part entière. Cette nouvelle perception de lui-même va se développer peu à peu et s'élaborer jusqu'à 2 ans et demi-3 ans.

Que se passe-t-il dans sa petite tête ?

Il cherche ses limites. Face à son opposition, le premier réflexe est souvent d'interpréter son attitude comme un rapport de force. Résultat, votre réaction se fait en fonction de l'idée que vous vous faites de la provocation et non du besoin de votre enfant. Vous pensez : « Il cherche mes limites ! » Pourtant, vers 2 ou 3 ans, un enfant n'est pas capable de se fixer un tel objectif et de jouer le jeu du pouvoir. En réalité, ce sont ses propres limites qu'il cherche, pas les vôtres !

Il a besoin d'un temps de réflexion. Prenons l'exemple de la nourriture : lorsqu'il était nourrisson, il avalait son biberon de lait ou de soupe sans se poser la question : « En ai-je vraiment envie ou s'agit-il du désir de maman ? » Aujourd'hui, prenant peu à peu conscience de sa personne, il a besoin de savoir s'il désire ou non les cuillerées que vous lui proposez. Sa première réaction consiste à dire « non ». Mais en réalité, ce refus va lui permettre de prendre du temps pour décider par lui-même et de finalement décider que : « Maintenant, j'en veux. »

Comment l'aider à passer ce cap ?

Donnez-lui un choix. Cette période ne s'éternisera pas si vous saisissez chaque occasion de différends pour comprendre son besoin. Par exemple : il refuse tout net de mettre son manteau pour sortir. Plutôt que de le forcer à l'enfiler, proposez-lui une alternative : « Tu préfères le manteau blanc ou la doudoune rouge ? » La réponse qu'il va donner va lui permettre de dire : « "Je" veux la doudoune rouge. » Vous lui aurez donné une occasion d'affirmer sa personnalité.

Laissez-lui du temps. Vers 2 ou 3 ans, les enfants ont besoin entre deux activités de périodes de transition plus longues que les adultes. Si le vôtre persiste à ne pas vous répondre alors que vous l'appelez depuis cinq minutes pour partir à la crèche, ce n'est pas parce qu'il a décidé de vous embêter. Il veut juste continuer à jouer dans sa chambre.

Préparez-vous à l'avance. Si c'est la même histoire tous les matins, il serait judicieux de vous organiser pour lui laisser ce temps qu'il aime prendre et dont il a besoin à son âge.

Cela vous arme pour plus tard. Mieux cerner votre enfant à travers ces comportements souvent qualifiés de provocateurs vous prépare pour une autre étape de sa vie. A l'adolescence, il se reposera les mêmes questions : « Qui suis-je ? Qu'est ce que je veux ? » Et de nouveau, pour y répondre, il devra passer par une période d'opposition. Eh oui !

Pourquoi mord-il ?

Pour se défendre ou se défouler, votre enfant a une fâcheuse tendance à montrer les crocs... Même si les morsures sont fréquentes à son âge, il est important de ne pas le laisser faire.

Une chamaillerie, des cris, puis des pleurs... Et voilà un petit copain de jeu qui retourne vers ses parents les yeux pleins de larmes, après avoir été mordu. Quant au croqueur, c'est... votre enfant ! Fâché et gêné, vous ne savez pas trop comment réagir.

Lorsque des enfants jouent ensemble, il peut arriver qu'une bagarre pour un jouet se solde par une morsure. Celle-ci intervient généralement après le déploiement gradué de toute une panoplie de défense : gestes d'intimidation, jets d'objets, tirage de cheveux...

La morsure est utilisée comme un dernier recours. Isolé, l'incident est gênant pour vous et douloureux pour la petite victime, mais surtout n'en faites pas un drame, car il n'a vraiment rien d'inquiétant. En revanche, commencez franchement à vous poser des questions lorsque votre enfant a vraiment la dent dure et qu'il croque à la moindre contrariété.

Si votre enfant mord tous azimuts, c'est qu'il n'arrive pas à s'exprimer et à se faire comprendre, cela l'angoisse, il devient agressif... Cette attitude s'accompagne parfois d'autres difficultés en matière de motricité, de propreté, d'accès au langage.

Il peut arriver aussi que la séparation avec vous au moment du sevrage ait mal été négociée. Il est possible également que des ruptures aient eu lieu dans son entourage et qu'elles l'aient perturbé. Parlez-en avec votre pédiatre, il vous aidera à y voir clair...

La morsure est un phénomène transitoire qui a tendance à disparaître, notamment dès que l'enfant a acquis une meilleure maîtrise du langage.

Comment réagir en cas de morsure ?

Ne le traitez pas de méchant. Tout le monde plaint le mordu et regarde d'un sale œil le mordeur. Pourtant, ce dernier est lui aussi à plaindre : il sent bien qu'il a fait quelque chose de mal, mais il n'en comprend pas exactement les tenants et les aboutissants. Le traiter de méchant ne ferait que l'enfermer dans son acte.

Ne le punissez pas, cela ne l'empêcherait pas de recommencer, au contraire. Mieux vaut profiter de l'occasion pour livrer à votre enfant les clés de la vie en collectivité à un moment où il va entamer sa phase de socialisation. Pourquoi ne pas lui dire, par exemple : « Tu peux jouer avec d'autres à condition de ne pas mordre. Quand on grandit, on ne mord plus. Et si tu n'es pas content ou si tu as besoin de quelque chose, demande-le ! »

Rappelez-lui qu'il ne doit pas faire de mal aux autres. Pour marquer le coup (c'est le cas de le dire !), encouragez-le à accomplir un geste envers l'autre enfant : lui faire un bisou, ou donner une caresse sur la morsure.

Initiez-le à l'art du compromis en lui disant, par exemple, « Si tu prêtes ta petite voiture à ton copain Thomas, lui te prêtera peut-être son seau... » L'essentiel est que votre enfant comprenne que, pour accéder à ce qu'il veut, il ne doit pas passer sur le dos des autres et ignorer leurs désirs.

De la morsure... au baiser

Ne croyez pas que votre enfant soit trop jeune pour comprendre cela. Il a saisi très tôt qu'il devait maîtriser sa mâchoire !

Un exemple ? Le nourrisson qui mordille un peu fort le sein de sa mère se rend bien compte que ça lui fait mal ! Votre enfant découvrira aussi très vite que la bouche ne sert pas seulement à manger ou à « dévorer » l'autre. La plus belle métamorphose de la morsure est sans doute le baiser qui n'est plus un geste de possession, mais de don et d'amour.

Quand et comment punir mon enfant ?

En tant que parents, nous oscillons parfois entre un refus de la punition et son utilisation irréfléchie, sous le coup de la colère. Le pédopsychiatre Gilles-Marie Valet nous explique comment en faire un usage plus rationnel et plus efficace.

Pourquoi la punition n’est plus très à la mode ?

Aujourd’hui, pour coller à l’image du «bon parent», il faut être dans la compréhension de son enfant, de ses besoins, de ses désirs. Or, pour beaucoup de parents, la punition, qui s’inscrit dans la frustration de son enfant, gêne cette compréhension. Ils la considèrent donc comme incompatible avec une éducation moderne et intelligente. Beaucoup aussi ne sont pas assez confiants dans leur rôle pour assumer d’imposer une frustration à leur enfant et faire face à son éventuel rejet. Pour certains parents, un «je ne t’aime plus» ou «tu es trop méchant» lancé par leur enfant qu’ils viennent de punir est insupportable.

Est-il dommage de renoncer à cet outil ?

Oui, le refus systématique de la punition peut ensuite conduire à des attitudes paradoxales et à des réactions trop intenses une fois que les parents sont totalement débordés par leur enfant. Mais soyons clairs : je ne dis pas qu’il faut à tout prix punir un enfant mais simplement, que dans certaines circonstances, cela peut s’avérer utile et éducatif.

Quand est-ce qu’une punition peut se révéler éducative ?

Quand elle vient sanctionner la transgression d’une règle ou la réalisation de quelque chose que le parent avait clairement interdit. Elle intervient pour que l’enfant comprenne que son comportement n’est pas acceptable et aussi pour qu’il ne le reproduise pas. Pour qu’une bêtise soit punissable, cela suppose évidemment que l’interdit avait été clairement énoncé auparavant par l’adulte. Ce qui apparaît comme interdit de manière évidente aux yeux des parents ne l’est pas toujours pour l’enfant !

Est-ce que certaines bêtises ne sont pas punissables ?

Oui, tout ce qui est du registre de la compétence et du développement de l’enfant. On ne punit pas par exemple un enfant qui casse un verre par maladresse ! En revanche, on peut lui faire remarquer qu’il ne l’aurait peut-être pas laissé tomber s’il l’avait saisi comme ceci ou comme cela.

Et le petit enfant qui casse un vase qu’on lui avait interdit de toucher ?

C’est dans ce genre de situation qu’apparaissent toute la complexité de l’acte de punir et la nécessité de réfléchir avant de punir ! Certes, cet enfant a transgressé un interdit et à ce titre serait punissable. Mais les parents ont aussi à s’interroger : était-il judicieux de le laisser un vase précieux à portée de mains de leur enfant ?

Entre 1 et 2 ans, quand un enfant est en pleine phase d’exploration, je dirais que cette bêtise ne relève pas d’une punition au sens classique où on l’entend habituellement : il doit pouvoir disposer d’un terrain d’expérimentation, sécurisé, sans trop de tentations. En revanche, à cet âge, on peut pratiquer une autre forme de punition : la gronderie. Il s’agit de lui signifier en prenant une grosse voix et en faisant les gros yeux que ce qu’il a fait n’était pas bien et qu’il ne doit pas recommencer. Cette admonestation ferme et sévère du parent, mais sans excès et sans que cela dure trop longtemps, constitue à elle seule une punition pour le petit enfant !

A partir de quel âge peut-on vraiment punir ?

Dès lors que l’on peut responsabiliser l’enfant, donc plutôt après 2 ans. A partir de là, il s’agira de choisir une sanction qui privilégie la réparation de la bêtise commise. Il a inondé le sol pendant qu’il prenait le bain, alors qu’il sait très bien que c’est interdit ? Il aide à éponger le sol. Cela fait autant de temps en moins pour jouer ou regarder un dessin animé, c’est là que réside le désagrément.

Que faire quand l’enfant, entre 2 et 3 ans, est dans une phase d’opposition ?

Il faut manier la punition avec précaution : punir un petit enfant qui fait un caprice pour mettre ses sandales en plein hiver serait, par exemple, maladroit. Alors qu’il est en train de prendre conscience de son individualité, il a besoin de pouvoir exprimer ses contestations sans se heurter à un mur. Dans ce genre de contexte, mieux vaut expliquer, négocier.

Cette notion de désagrément est-elle le corollaire indispensable de la punition ?

Oui, pour être efficace, une punition doit marquer l’enfant. Cela ne veut pas dire lui faire mal ou l’humilier. Une sanction qui rabaisse l’enfant par des propos humiliants est contre-productive : au lieu de le responsabiliser, elle le culpabilise et empêche toute vraie prise de conscience de sa bêtise. Même chose pour la fessée : l’enfant en tire une logique peu propice à l’amélioration future de son comportement. Il se dit : j’ai énervé mon parent, il m’a fait mal en retour, nous sommes à égalité et, la prochaine fois, je tâcherai seulement de ne pas me faire prendre ! La violence physique ou verbale entraîne presque systématiquement des comportements dissimulateurs pour échapper à la souffrance infligée.

Quand il n’est pas possible de choisir une punition-réparation, quel autre choix a-t-on ?

Reste la punition privative, à condition de pas toucher à ses besoins fondamentaux. Donc, on ne le prive pas de dessert, car celui-ci fait partie intégrante du repas. Pas de privation non plus d’activités extra-scolaires (même si cela soulage d’une corvée de l’accompagner au foot !) car elles relèvent aussi de ses besoins fondamentaux. En revanche, entre 4 et 12 ans, on peut le priver sans hésiter d’écrans. On est sûr de faire mouche et de créer un vrai désagrément, sans pour autant toucher à du fondamental. Bien sûr, cela suppose de supporter sans fléchir les récriminations qui ne vont manquer de s’exprimer !

Obéir !

Pour le pédopsychiatre Daniel Marcelli, l’apprentissage de l’obéissance par l’enfant est l’une des clés de son épanouissement futur. Le spécialiste nous rappelle les enjeux d’une obéissance bien construite, qu’il ne faut pas confondre avec la soumission.

"Pourquoi dites-vous que l’apprentissage de l’obéissance par l’enfant est l’une des clés de son autonomie et de son épanouissement futur ?

C’est ce que j’appelle le paradoxe éducatif : quand on a appris à obéir, on peut en grandissant, de temps en temps, se mettre à désobéir. Or avoir le choix entre obéir et désobéir, c’est avoir les clés de la liberté. Depuis toujours, l’être humain ne considère-t-il pas que la liberté est son bien le plus précieux ?"

Apprendre à son enfant à obéir est donc l’une des missions des parents ?

"Tout à fait ! Mais attention à distinguer obéissance et soumission. L’obéissance aide à grandir, la soumission conduit à la révolte. Enseigner l’obéissance à son enfant, c’est lui apprendre que, dans la vie, il est nécessaire de faire un certain nombre de choses pour grandir. Par exemple, il faut faire ses devoirs et travailler à l’école pour apprendre. A l’inverse, quand on dit à un enfant « fais tes devoirs et tu pourras aller au manège », on lui enseigne la soumission. On lui apprend que les choses sont faisables pour obtenir une rétribution."

Pour un enfant rien de plus normal que d’avoir envie de désobéir ?

"Bien entendu ! Tout enfant a envie de désobéir en grandissant : envie de toucher ce qu’il n’a pas le droit de toucher, envie d’aller là où ses parents lui ont interdit d’aller… Quand il voit son enfant désobéir, un parent a deux options."

Face à un enfant qui désobéit quelles sont les deux options parentales ?

Soit le parent considère que l’acte de désobéissance est un désaveu de sa posture de parent et il va exiger de son enfant un équivalent de soumission car l’enfant doit toujours obéir… C’était la posture éducative de la fin du XIXe et début XXe siècle. Soit le parent regarde en quoi l’enfant en désobéissant a cherché à acquérir une part de liberté ou une part de connaissance.

Et ensuite, le parent décide ou bien de sanctionner – si l’enfant s’est mis en danger – ou bien de pardonner en fonction de l’autonomie que l’enfant a acquise dans cet acte de désobéissance. Il pourra lui dire par exemple « Ecoute, mon chéri, cette fois-ci je ne te punis parce que tu as fait attention et que mon souci est d’abord de te préserver. ».

En agissant ainsi, le parent ne vise pas la soumission de son enfant, il prend en considération l’autonomie qu’il gagne. C’est ça la subtilité de l’éducation : apprendre à un enfant à obéir jusqu’à l’amener à ce point subtil où il peut s’autoriser à désobéir tout en se préservant lui-même. Eduquer un enfant c’est ça, c’est l’amener à la liberté.

Apprendre à son enfant à obéir, c’est donc aussi accepter de le rendre triste ?

Effectivement ! Pas plus qu’un adulte, un enfant n’aime qu’on lui dise : « Là, tu ne peux pas faire ça ! » Ça déclenche chez tout être humain l’envie de le faire ! Dire par exemple à un petit de 18-20 mois, en pleine conquête de sa motricité, qui a l’impression que le monde lui appartient : « Non, tu ne vas pas là», ça le rend vraiment malheureux, triste. Il va alors faire tout un jeu relationnel de colère, de bouderie, de séduction, etc. Mais ses parents ont intérêt à tenir bon. Cela lui permettra d’apprendre que son désir s’arrête exactement où commence celui de l’autre. Un apprentissage essentiel.

Pour que les enfants écoutent

  • Mettez-vous à sa hauteur et rapprochez-vous : inutile de vociférer d’une pièce à l’autre ou de « prendre de haut votre enfant », pour être écouté, baissez-vous pour être au même niveau que lui, regardez-le avec bienveillance et parlez-lui normalement.
  • Décrivez les conséquences de ses actes : pour qu’il comprenne lui-même ce qui va se passer, décrivez sans menacer ni juger les conséquences possibles de ses actes. Ainsi, il avisera et apprendra encore plus vite.
  • Parlez « positif » : au lieu de dire « ce qu’il ne faut pas faire », expliquez ce que vous attendez que votre enfant fasse. Donnez-lui la règle et non l’interdit. Encore mieux : montrez ce que vous attendez, faites ensemble ensuite et assurez-vous que tout est clair en invitant à tester en direct.
  • Remplacez le « dépêche-toi » anxiogène et peu efficace par le jeu et la possibilité d’action en confiant par exemple à votre enfant un Timer qu’il manipulera lui-même.
  • Mettez en place un tableau des routines : affichez un tableau des routines quotidiennes conçu avec votre enfant qui s’y référera en toute autonomie.
  • Proposez des choix limités plutôt que de donner des ordres : un enfant qui choisit une option se sent valorisé et engagé !
  • Utilisez le jeu et l’humour : changez de voix, lancez des défis, faites parler des objets, etc. bref, étonnez et amusez pour être écouté et transmettre les informations.
  • Organisez des réunions familiales : les décisions prises en communauté sont plus efficaces. Fixez préalablement des règles d’écoute et d’expression pour favoriser le bien-être de chacun et resserrer les liens. L’idée du bâton de parole est à tester : celui qui a le bâton s’exprime, les autres écoutent.
  • Posez des questions : afin d’emmener l’enfant à prendre les bonnes décisions, posez des questions pour guider les réflexions et les actions. « Qu’en penses-tu ? » « Que conseillerais-tu à ton copain dans cette situation ? » « Que ressens-tu ? »
  • Souriez : le sourire contribue à faciliter l’apprentissage et fait baisser la pression de tous !


 

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