... est une expression à abandonner avec les enfants pour plusieurs raisons.
La première raison est que la sécrétion de larmes n’est pas sous le contrôle de la volonté. Il ne sert donc à rien de dire à un enfant, ou à qui que ce soit « Arrête de pleurer », puisqu’il ne peut décider de stopper les larmes.
Une émotion étouffée se renforce. Plus grave, lorsqu’un parent nie l’expression d’une émotion chez un enfant, celui-ci annihile ses sensations. Car les ressentir serait risqué de se priver de l’amour, de l’attention et de la confiance parentale.
Malheureusement, le refoulement de ses émotions cause des dégâts sur le long terme. Lorsque cette surdité parentale ou cette inaptitude à l’écoute se répète encore et encore, l’enfant prend pour acquis que les émotions ne peuvent qu’être tues, et finalement enfouies, menaçant de ressurgir avec une grande force destructrice.
Comme Isabelle Filliozat le rapporte dans son livre « un zeste de confiance dans la cuisine« , « les scientifiques ont prouvé que le fait de supprimer une émotion n’aide guère à résoudre les problèmes et altère notre santé ».
Et en effet, si on tente de fuir ou d’éviter une douleur, on se contracte tout autour pour ne pas la sentir mais ceci a pour effet de la renforcer. Alors que si nous nous concentrons sur une sensation en l’acceptant, elle se transforme naturellement. Ce sont les vertus de la pleine conscience.
Les larmes, un appel à l’aide
Il est important de comprendre que les larmes sont d’abord un appel à l’aide car un besoin est insatisfait. De plus, pleurer induit un processus chimique (évacuation des hormones du stress) qui mènera vers un réconfort et une libération émotionnelle.
Donc, l’attitude idéale est d’accompagner l’enfant en l’encourageant à se libérer de ce débordement émotionnel, de lui offrir notre présence et notre contact bienveillants et de faciliter la verbalisation de son état intérieur.
Il est vrai que voir pleurer un enfant peut résonner en nous, nous rappeler des mauvais souvenirs, raviver des blessures, nous mettre en face de nos auto-jugements négatifs sur notre rôle de parent/d’adulte et faire surgir la peur du regard d’autrui. Balayons ces craintes et ces croyances en considérant les larmes comme des signaux de détresse et donnons-nous aussi le droit de pleurer en tant qu’adulte.
Et si pleurer ne soulage pas ?
Inconsciemment, un enfant peut aussi avoir recours aux pleurs s’il a connu plusieurs situations où pleurer lui a permis d’attirer l’attention de son environnement, ou d’échapper à des « sanctions ».
Pour modifier cette tendance de l’enfant, choisissons la bienveillance éducative et abandonnons toute forme de chantage affectif, menace, punition,… Ainsi, l’enfant réapprendra à accorder (dans le sens ajuster) son état intérieur et le traduira sans confusion. L’empathie est la clé de la collaboration.
Il est également possible que l’enfant substitue une émotion à une autre : on parle alors de réaction émotionnelle parasite. Si l’expression de la tristesse est réprimée régulièrement, l’enfant peut la substituer à de la colère. Idem si c’est la colère qui est remplacée par la tristesse.
Enfin, les pleurs sont susceptibles d’être liés à une émotion restée bloquée dans le passé. Dans ce cas, la recherche de l’expérience concernée associée à une écoute empathique favorisera la narration et le déblocage émotionnel.
Le jeu représente aussi un moyen efficace pour poser des mots sur ce que l’enfant ressent.
Pour résumer :
Au lieu de dire « arrête de pleurer » :
- Donnons le droit d’exprimer ses émotions à l’enfant
- Expliquons-lui leur utilité
- Réconfortons-le en l’encourageant à continuer à se libérer
- Aidons-le à verbaliser de mieux en mieux son ressenti
- Montrons l’exemple
Des outils à découvrir : La boussole des émotions : un outil pour identifier les émotions chez soi et autrui (empathie, intelligence émotionnelle, bienveillance)
10 outils pour pratiquer une éducation positive
L’éducation positive est moins une méthode qu’une manière d’être (ou de devenir).
Cependant, l’utilisation d’outils permet d’accélérer la transformation. Nous vous proposons d’en découvrir 10.
Les besoins de l’enfant
Pas facile de pouvoir apporter une solution adéquate à un besoin qu’on n’a pas pu identifier chez l’enfant. Afin de faciliter cette quête du besoin, je vous invite à tester les pictogrammes qui apparaissent dans cet outil .
Autre idée, apprendre à signer dès le plus jeune âge .Ecouter les émotions de l’enfant (et faciliter leur verbalisation)
Pour faciliter l’expression émotionnelle de l’enfant, nous vous proposons plusieurs outils dans cet article. Le tableau de pleine conscience des émotions ci-dessous est aussi une excellente alternative.
Ajoutons l’écoute active de Thomas Gordon qui est la meilleure façon d’écouter (et pas uniquement les enfants).
La formulation positive
La formulation positive consiste à dire ce qu’on attend de l’enfant plutôt que de lui signifier ce que nous n’acceptons pas ou ce qui est interdit. Cette façon de s’exprimer fait gagner du temps et de l’énergie à tout le monde (et simplifie la vie).
- Marche doucement. » au lieu de « Ne cours pas ! »
- Joue avec ces cubes » au lieu de « Ne touche pas à la prise »
- Parle doucement » au lieu de « ne crie pas ! »
- Reste de ce côté du trottoir » au lieu de « ne traverse pas ! »
Plus généralement, remplacez les interdits par des règles. Vous trouverez des exemples de règles dans cet article.
Les encouragements
Pour renforcer positivement le comportement de l’enfant, il est important qu’il se souvienne de ce qu’il a fait et donc que quelqu’un le remarque verbalement avec une description.
Ainsi, pour que l’enfant revoie mentalement l’action, il suffit de décrire ce que l’on voit. Cette marque d’attention va déclencher de la joie chez l’enfant. Cette joie déclenche la synthèse de protéines qui vont renforcer la gaine de myéline des neurones impliqués dans cette action et coder le passage de l’influx nerveux qui a permis cette action. L’enfant va donc plus facilement réitérer l’action réussie.
Ainsi, un papa qui dit à son fils « J’ai vu comme tu as passé le ballon à Paul » va permettre à son fils de mémoriser l’action et de la reproduire.
Le lâcher prise
Apprendre à lâcher-prise sur certains aspects de la parentalité est indispensable pour ne pas craquer en se focalisant sur la perfection (qui n’existe pas) et booster l’autonomie des enfants. Cet article est consacré au lâcher-prise.
Le jeu
Le jeu est un excellent moyen d’aider les enfants à s’épanouir tout en développant par exemple leur intelligence émotionnelle. Le jeu permet de restaurer l’équilibre, diminuer le stress et de resserrer les liens affectifs parents/enfants. Découvrez 10 idées de jeu dans cet article.
Ajoutons le jeu stop & go très utile aux parents.
Les choix
Pour guider un enfant et augmenter son engagement, inutile de lui ordonner de faire telle ou telle chose. Proposez-lui plutôt des choix limités : « Tu préfères enfiler ce pantalon vert ou ce jogging rouge ? » « On va à la voiture en sautillant comme des lapins ou en marchant comme des crabes ? » « Tu préfères te brosser les dents maintenant ou après avoir mis ton pyjama ? » Cette méthode apprend à l’enfant à prendre des décisions et à analyser leurs conséquences. Il gagne ainsi en autonomie.
Il existe également un excellent outil de discipline positive qui se nomme la roue des choix.
Les routines
Les routines permettent de rendre autonome les enfants et de gagner du temps. Ainsi, fabriquez un tableau des routines du matin et du soir avec votre enfant et laissez-le progressivement « prendre la main » son organisation.
Parler moins montrer plus
Les enfants nous observent et nous imitent. Ainsi, si nous leur crions dessus pour leur dire de ne pas crier, cela crée une légère confusion dans leur cerveau…hum…
Donc, montrons l’exemple sur ce que nous voulons qu’ils « copient » et utilisons la communication non-verbale pour instaurer la confiance et la complicité.
La Co-lecture
Outre le fait de leur donner le goût du livre (pas en les mangeant hein!), la Co-lecture est l’occasion de partager un moment d’attention, de partage et de développer le cerveau des enfants. Veillez à choisir des ouvrages bienveillants ou de discuter de situations qui le sont moins en incluant le ressenti des personnages avec des ouvertures comme « qu’aurait pu faire ou dire tel personnage pour éviter que son ami ne pleure ? » ou « qu’en penses-tu ? ».
Les livres peuvent aussi servir par exemple pour annoncer l‘arrivée d’un frère ou d’une sœur, découvrir les émotions, rappeler l’amour inconditionnel, résoudre un conflit, etc.
Bonus : sourire
Sourire est contagieux. Sourire influe positivement sur notre cerveau. Sourire diminue le stress. Sourire ajoute des touches de beauté dans la journée. Pensons-y.