Vivre un deuil.

Le 16/12/2020

Dans Outils de développement personnel

Perdre un être cher – un parent, un conjoint, un ami, un enfant – est toujours un moment douloureux.

Il ébranle l’ordre établi, brise le fil des jours et nous oblige à entreprendre un processus de deuil. 

Le processus de deuil comporte des étapes et s’accompagne d’émotions souvent fortes et d’une douleur parfois importante.

La première réaction à un décès est souvent le refus d’y croire – surtout lorsque la mort survient de façon soudaine. La réalité de la mort constitue un choc, une rupture et d’une certaine façon quelque chose d’incompréhensible, qu’il est difficile d’accepter et qu’on refuse, d’une manière ou d’une autre.

C’est le mécanisme de déni, qui protège, pendant un temps, d’un débordement émotionnel trop intense et constitue une forme d’écran entre soi et la réalité difficile. Le déni s’exprime de différentes façon : sentiment d’irréel, que çà ne se peut pas. On pourrait probablement ranger sous ce vocable tous ces gestes posés comme si le disparu y était encore – mouvements pour lui téléphoner, pour mettre sa place à table, pour penser à ce qu’on lui dirait, etc – tous ces gestes qu’on suspend finalement, souvent avec émotion et à travers lesquels la réalité du « il n’est plus » s’impose progressivement.

Car s’il est utile temporairement, le déni doit nécessairement laisser la place à cette réalité difficile de la perte.

C’est petit à petit que le déni va céder et que le constat de la réalité de la perte va prendre forme, amenant un peu plus loin le travail de deuil. Cette reconnaissance entraîne son flot d’émotions, qui font dire que le deuil s’apparente à la dépression.

Comme la dépression, le deuil est marqué par la tristesse et les pleurs, un repli sur soi, souvent un sentiment de colère et de révolte ainsi qu’un sentiment de culpabilité. La présence de toutes ces émotions est normale et elles vont généralement s’estomper avec le temps. En effet, reconnaître la perte est quelque chose de douloureux : l’autre nous manque, avec qui nous avons partagé des moments de vie et avec qui des projets se seraient élaborés.

Nous avons à faire le deuil de tout ce qui ne pourra se réaliser avec l’autre et nous nous retrouvons seul, impuissant devant l’inexorable et triste d’avoir perdu ce qui constituait une partie de notre vie. Le sentiment d’impuissance peut être important ainsi que la colère : colère contre la vie et sentiment d’injustice, colère aussi contre le disparu de nous avoir « laissé tomber », de ne plus être là. La culpabilité est elle aussi fréquente, culpabilité de ne pas en avoir assez fait, même si, dans la réalité, on a fait tout ce qui pouvait l’être.

De toutes les façons, le moment du deuil est prenant, mobilise la pensée, amène un certain repli sur soi et sur le passé. L’énergie est mobilisée à trier les souvenirs, à s’interroger sur le sens du passé et de l’avenir, à se questionner sur ce qui reste de cette tranche de vie qui vient de se terminer.

Il est donc normal de repenser au disparu, aux moments passés avec lui, et de chercher à partager les émotions et les souvenirs avec les proches. Il est aussi normal d’éprouver un flot d’émotions et il est important que ces émotions soient reconnues et vécues. C’est ce travail qui permet de les traverser, qui rend possible l’intégration de ce qu’on a vécu avec le disparu et permet de le faire sien, malgré tout.

C’est à travers ce travail que peut s’effectuer le détachement qui, seul, permet que la vie continue, ailleurs, avec d’autres, et avec le souvenir du disparu.

Le processus du deuil n’est cependant pas toujours facile. 

Il demande un certain recueillement. Il demande aussi de se sentir accompagné et entouré. Les rituels de deuil ont leur importance : salon funéraire, célébrations, témoignages, constituent des moyens de marquer ce moment important, aident à la reconnaissance de la perte et viennent assurer un soutien par la présence de l’entourage.

La présence des proches et le partage des émotions et des souvenirs sont en effet généralement aidants, brisent le sentiment de solitude et facilitent l’intégration de la perte. C’est alors qu’au fil des semaines et des mois, la vie reprend ses droits petits à petit, le goût de rire revient, les projets refont surface et, même si tout n’est plus comme avant, la vie a repris. On commence alors à réaménager son univers en tenant compte de ce qui est perdu.

Certaines circonstances compliquent le processus du deuil. 

Ainsi, plus un décès est soudain et inattendu, plus il est difficile à vivre. Le mécanisme de refus risque d’être plus important et les émotions mobilisées plus intenses. On comprend en effet que le fait de pouvoir accompagner un être cher dans ses derniers mois ou ses dernières semaines permet d’apprivoiser la réalité de la perte et constitue en soi une entrée dans le processus de deuil.

C’est ce qui manque lors d’un décès soudain.

Le deuil est aussi difficile à vivre lorsqu’il survient à la suite de plusieurs autres ou d’une série de difficultés. Il constitue alors la « goutte qui fait déborder le vase » et les capacités de l’individu à faire face à des épreuves peuvent plus facilement se trouver débordées. Le deuil risque d’être plus long et difficile à acheminer, parce que la perte s’ajoute à d’autres qui demandent elles aussi qu’on s’en occupe. Il faut alors user de tolérance face à soi, se donner du temps et ne pas hésiter à aller chercher de l’aide.

Enfin, certains deuils sont plus difficiles à vivre. 

Ainsi la perte d’un enfant est particulièrement pénible, parce que l’enfant incarne la vie, l’espoir, les possibles et parce qu’il est anormal qu’un enfant meure avant ceux qui l’ont mis au monde. C’est souvent la confiance en la vie et la confiance en ses propres ressources qui se trouvent ébranlées, avec toute la douleur que cela suppose et le lent processus de reconstruction que cela exige.

Enfin, plus la relation avec le disparu était conflictuelle, plus le deuil risque d’être compliqué. Il est alors difficile de « faire la paix » avec le disparu et de s’en détacher. Les conflits gardent leur vitalité et demandent généralement qu’on s’en occupe pour que le détachement devienne possible.

En dernier lieu, on sait aussi que certaines personnes ont plus de difficultés à acheminer les deuils à cause des aléas de leur développement. La capacité à faire des deuils s’apprend petit à petit, avec l’aide de parents supportants, qui savent être là et aider à vivre et traduire les émotions avec lesquelles on a à apprendre à vivre. Tous les parents n’ont pas les mêmes habiletés à faire ce travail.

Parfois aussi, la vie réserve des épreuves « plus grandes que nature » qui débordent les capacités normales d’adaptation. Lorsque c’est le cas, il est possible qu’on ait besoin d’une aide pour arriver à acheminer un deuil. 


Quand consulter?

Dans un grand nombre de cas, le deuil peut se vivre sans recourir à une aide professionnelle ( thérapeute ). Le processus de détachement se fait alors petit à petit, au fil des jours, à travers le quotidien qu’on ne partage plus avec l’autre.

Toutefois, si on se sent isolé, débordé, ou lorsque le deuil n’en finit plus, il ne faut pas hésiter à chercher de l’aide. Différentes options s’offrent. Il existe ainsi des groupes d’entraide pour personnes endeuillées, qui sont un lieu de partage ou de soutien, visant à réduire le sentiment de solitude et permettre l’expression des émotions.

Il peut aussi être adéquat de consulter en psychothérapie, lorsque les émotions mobilisées sont intenses et qu’elles semblent s’installer et s’aggraver plutôt que de s’atténuer avec le temps. L’absence de réaction de deuil peut aussi inquiéter et laisser penser qu’il se manifestera à retardement, parfois par des avenues indirectes – somatisations, accidents, etc. 

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