La peur a son utilité ! C’est une émotion qui nous informe d’un danger potentiel ou imminent et comme toutes les émotions, elle est subjective. Elle n’est donc pas vécue de la même manière pas tous, car cela repose sur les expériences de chacun. C’est pourquoi, les réactions peuvent différer d’un individu à un autre. La peur peut être une limite à l’épanouissement, si elle n’est pas dépassée.
La peur peut être un moteur ou un frein
Lorsque nous sommes face au danger, de manière générale notre organisme réagit en sécrétant de l’adrénaline, pour nous aider à faire face au stress intense auquel nous sommes soumis. Les risques encourus sont très rapidement évalués et les mesures pour se protéger vite prises. Puis dans un état « second », avec « sang froid » et courage, nous utilisons la meilleure solution qui peut être soit, la fuite, l’attaque ou la défense, voire même l’immobilité.
Une fois à l’abri du danger, notre attention peut enfin se « relâcher » et c’est souvent là, que nous mesurons l’ampleur de l’énergie déployée pour vaincre la peur et des actions que nous avons menées pour y faire face. Dans ces moments là, nos forces se décuplent sans doute par instinct de survie.
Certaines personnes, se servent de la peur comme un défi. Le danger leur permet de se transcender en le bravant. Il y en a même qui mettent en « jeu » leur vie, pour assouvir leur passion dans des sports extrêmes, où d’ailleurs ils ressentent du plaisir dans la peur, qui peut vite devenir une « drogue ». Les exemples ne manquent pas, comme ces funambules qui sont à la recherche de toujours plus de sensations et pour cela, ne mettent aucun harnais de sécurité pour se protéger d’une chute éventuelle.
Toutefois, il arrive que certaines personnes soient dans l’incapacité de faire face à la peur qui les « tenaille » et sont alors totalement paralysées. Car, à moins d’avoir à faire à un danger imminent et bien réel, auquel cas la peur est « justifiée », il arrive que l’objet de la peur se situe dans la peur d’avoir peur, ce qui génère moult angoisses.
L’imagination joue un rôle important, car elle dépend de la perception que l’on a de la peur. Elle peut contribuer à nourrir cette peur en créant des pensées obsédantes. C’est pourquoi, la peur peut être « handicapante », voire angoissante et/ou paralysante. De « grandes » peurs peuvent être à l’origine de bien des maux, crise de panique, déclencher des maladies et être à l’origine de phobies.
Le recours à l’évitement
C’est un stratagème utilisé pour ne pas être confronté à ses peurs. La crainte est parfois telle, que toute l’existence s’organise autour de l’évitement, ce qui restreint la liberté. L’évitement est une sorte de fuite qui ne fait que renforcer les peurs. Pour bien comprendre ce que l’on ressent dans des moments de peur panique, il faut l’avoir vécu! C’est de l’ordre de l’irrationnel, allant jusqu’à la perte complète du contrôle de soi.
En ce concentrant continuellement sur les peurs, cela crée la possibilité qu’elles se représentent, car elles existent déjà en pensées. Il est donc souhaitable de les apprivoiser.
La peur, suite à un traumatisme
Un traumatisme peut avoir des conséquences qui affectent la vie de celui ou celle qui en est victime au point de la bouleverser (peurs d’être de nouveau confronté au danger, perte d’envie (« de vie »), sentiment d’impuissance, perte de confiance, d’estime de soi, honte, culpabilité, crainte d’être humilié, de ne pas être à la hauteur,…). Le traumatisme est parfois tel, que l’existence paraît ensuite n’être qu’un danger permanent.
Après un traumatisme, beaucoup de personnes se « murent » dans le silence pour éviter de faire remonter des douleurs liées à ce qu’elles ont subies, alors que parler est libérateur.
Les peurs peuvent aussi avoir été refoulées ou oubliées
Elles peuvent provenir de faits en apparence anodins, comme dans des situations vécues pendant l’enfance. Un enfant n’ayant pas été habitué à être séparé de sa mère, qui tout d’un coup est placé par elle provisoirement chez une nounou, peut s’être senti abandonné ou rejeté et l’avoir vécu comme un véritable traumatisme. La mère ayant réapparue quelques heures ou jours plus tard, pour l’enfant cet incident est ensuite oublié.
En apparence seulement, car ce traumatisme aura malgré tout laissé des traces. Il suffit par la suite d’une réactivation ou re-stimulation de ce traumatisme, pour qu’il re-éprouve une sensation de malaise (« mal à l’aise »), où il ressent les mêmes émotions passées, sans qu’il ait conscience de la cause profonde de son mal-être.
La peur de l’abandon ou du rejet est toujours « présente » en lui, bien « tapie » et prête à réapparaître à tout moment de sa vie. Cette peur dont il n’a plus conscience de l’origine, peut entraver son bien-être au point parfois de le « saborder » lui-même sans le vouloir. Combien de fois j’ai entendu en consultation: « je ne comprends pas, j’agis à l’inverse de ce que je souhaite ». Nombreux sont ceux qui par crainte de souffrir, tournent le dos au bonheur involontairement!
Il y a aussi des évènements très traumatiques refoulés, à l’exemple de cette personne qui a été violée enfant dans une salle de cinéma et qui, quelques années plus tard, lorsqu'une amie lui propose d’aller toutes deux voir un film, s’est subitement sentie très mal en entrant dans la salle. Après un travail sur elle, elle put faire l’association entre ce malaise et le traumatisme subit dans l’enfance, qu’elle avait complètement occulté.
Nous avons tous au fond de nous, des peurs plus ou moins enfouies
Notre manière d’appréhender la vie, nos comportements et habitudes, en disent long sur nos peurs qu’elles soient archaïques, comme la peur de l’inconnu ou de la mort, où liées à des traumatismes, « petits ou grands », vécus enfants.
Ces peurs se révèlent dans notre façon d’être présents au monde qui nous entoure. Le besoin de maîtriser, de contrôler, de se sentir important, de se replier sur soi, de se sentir aimé, admiré, reconnu,… autant d’indices qui nous « parlent » de ces peurs qui nous habitent. Se sentir angoissé au milieu d’une foule, au contact des autres, des chiens, des serpents ou autre animal, dans un ascenseur, peur de déranger, de perdre son emploi, sa famille, d’être malade, de prendre la parole en public,… à différents degrés, toutes ces craintes « invalident » notre vie.
Ce n’est pas en fuyant que nous pouvons nous désinhiber des peurs. La peur paralyse l’action.
Vaincre ses peurs
Lorsque l’on est en proie à des angoisses, inquiétudes, phobies…, quelles que soient les peurs, elles peuvent être surmontées! Avant tout, il est souhaitable de déterminer clairement ce qui fait peur.
Derrière les peurs se cachent des désirs que nous avons à découvrir pour les mettre en lumière, de manière à ce qu’elles disparaissent. Par exemple la peur de la mort cache un désir profond de vivre. Dans ce cas, comme nous ne sommes pas « immortels » du moins pour l’instant, nous devons accepter que ce désir comme d’autres, ne puissent être comblés.
Un travail introspectif peut aider à prendre conscience de ce qui se cache derrière les peurs et parfois découvrir, qu’elles peuvent en cacher d’autres. Notre système de pensée peut abriter certaines croyances qui peuvent en être la cause.
L’identification des ressentis et émotions, mais aussi des situations stressantes, est une aide précieuse aux prises de consciences, qui permettent de mettre des mots sur des maux.
Se confronter à ses peurs est une solution efficace pour aller vers le changement. Diverses thérapies comportementales peuvent y aider. A travers un coaching ou des ateliers de groupe, des mises en situations sont proposées pour aider à trouver, la ou les réponses les mieux adaptées à chaque situation angoissante. Se centrer sur la respiration lors d’une mise en mouvement aide à mieux gérer le stress. La répétition de la confrontation à ses peurs permet de les dépasser, de restaurer la confiance en soi et l’estime de soi en est rehaussée.
Les groupes de paroles peuvent aider à la libération des mots et à briser la solitude, l'histoire de chaque participant faisant écho à la sienne.
Avec le recul, nous pouvons nous rendre compte qu’en réalité ce n’est pas l’événement qui nous affectait, mais l’interprétation que nous en avons fait, induit par le ressenti.